EDF devrait publier un bénéfice 2008 amputé par le coût du Tartam
AFP - 10.02.09 - Electricité de France (EDF) devrait annoncer jeudi un
profit 2008 en baisse, amputé par un manque à gagner chez la clientèle
industrielle en raison de la prolongation du Tartam (Tarif Réglementé et
Transitoire d'Ajustement au Marché). EDF a annoncé cet été son intention
de passer une provision dans ses comptes 2008 pour couvrir le coût de la
prolongation du Tartam, votée par le Parlement en juillet 2008.
Cette prolongation permet aux entreprises ayant souscrit un contrat de
fourniture d'électricité à un prix de marché de revenir à un tarif fixé
par l'Etat jusqu'à fin juin 2010. Au 30 septembre 2008, 3.360
industriels étaient au Tartam (dont 63% chez EDF) pour une consommation
annuelle de 85 TWh (17% de la consommation française d'électricité).
EDF avait évalué en août à 1 milliard d'euros le manque à gagner
représenté par le Tartam, l'électricien vendant par ce mécanisme son
électricité moins cher qu'au prix de marché. Cela réprésente une charge
importante dans les comptes du groupe d'électricité qui avait dégagé un
bénéfice net de 5,618 milliards d'euros en 2007.
En raison de cette provision, les analystes s'attendent ainsi à voir le
résultat brut d'exploitation (Ebitda) reculer de 4,1% et le bénéfice net
de 5,3% à périmètre constant, selon le consensus réalisé par l'agence
Dow Jones Newswires. Cette charge pourrait être revue à la baisse,
prévient cependant Patrice Lambert de Diesbach, analyste au CM CIC, qui
met en avant la baisse de la demande d'électricité des industriels et le
reflux des prix de l'électricité sur le marché. Le coût du Tartam sur
2009-2010 serait ainsi ramené à "seulement" 800 millions d'euros,
estime-t-il.
Selon M. Lambert, EDF veut actuellement "faire accréditer le message
selon lequel le groupe +souffre+ beaucoup" à cause du Tartam et "qu'il
faut tout faire pour éviter" une "possible baisse" des prix de
l'électricité "imposée par le gouvernement". Mais le groupe reste "sous
forte contrainte" politique, estime l'analyste, qui n'exclut pas une
baisse du prix de l'électron, qui serait de nature à détériorer les
résultats d'EDF.
Parmi les autres points importants, le taux de disponibilité du parc
nucléaire français (58 réacteurs) sera aussi très surveillé. Il était
tombé à 80,2% fin 2007 (contre 83,6% fin 2006) et pourrait tomber sous
le seuil symbolique de 80% fin 2008, alors qu'EDF s'est donné un
objectif de 85% en 2011. La prolongation des opérations de maintenance
et un plus grand nombre d'arrêt fortuits sur des réacteurs a déjà fait
diminuer les ventes d'électricité d'EDF sur les marchés de gros.
EDF pourrait aussi "fournir des éléments sur une éventuelle vente
d'actifs", selon les analystes de la Société Générale, qui évoquent la
cession de la filiale de transport d'électricité RTE (gestionnaire des
lignes à haute tension). Enfin le groupe public d'électricité (détenu à
84,66% par l'Etat) pourrait donner des détails sur le prolongement de la
durée de vie de ses centrales nucléaires au-delà de 40 ans, ajoutent ces
analystes.
http://www.sortirdunucleaire.org/